RAYMOND
Barthes fait partie de cette
catégorie d’artistes
qui se plaisent à dire
qu’ils n’en sont
pas. Timidité ou humilité face à son
travail. Très certainement
un peu des deux. Quoiqu’il
en soit, ce photographe des Archives
départementales qu’on
imagine travaillant dans un studio
sombre, sous ses flashs disposés
de part et d’autre de son
statif de reproduction, répétant
inlassablement les mêmes
gestes pour sauvegarder les précieux
documents de la noble institution,
est un véritable artiste.
Le "GéoTrouvetout" de
l’instantané, l’apprenti
sorcier de l’émulsion,
le magicien de la Kodachrome,
c’est lui.
Né à Madagascar le
20 mai 1957, Raymond Barthes y
passera les premières quinze
années de sa jeunesse, puis
poursuit ses études à Toulouse.
C’est à l’école
des Beaux Arts de cette même
ville qu’il pratique la photographie,
matière inscrite à son
programme. Très vite il
se découvre plus d’affinités
avec la chambre noire que le fusain
ce qui lui vaudra d’être
remercié, ses professeurs
n’appréciant pas son
entêtement à développer
son côté sombre dans
le laboratoire de l’école.
Non découragé, il
décide de passer son CAP
de photographe, et enchaîne
avec deux années expérimentales
durant lesquelles le chômage
viendra rythmer sa carrière
artistique naissante. À 23
ans, il décide de repartir
pour le continent qui l’a
vu naître et fait escale à La
Réunion où finalement
il s’installe. À la
recherche d’un emploi, il
passe le concours des Archives
départementales sans trop
y croire et décroche "la
timbale". Le voilà fonctionnaire.
Alors comment concilier un poste
comme le sien et cette faculté à exercer
son talent dans le domaine de la
photographie. « Ma force,
c’est d’avoir su rester
amateur dans ma démarche
photographique. Pouvoir faire ce
que j’ai envie de faire,
sans contraintes, sans la pression
de la commande. C’est une
vraie liberté, un luxe dont
je ne me priverais pour rien au
monde », avoue-t-il.
Travail sur Polaroid
Le
travail qu’il expose à la
Galerie Mosaïk au 1, rue Charles
Gounod à Saint Denis, est
l’aboutissement d’une
recherche personnelle, empreinte
d’une vision surréaliste
inspirée d’une démarche
artistique élaborée
par plusieurs artistes aux Etats-Unis
dans les années 80. Peut-être
aussi, est-ce une revanche inconsciente
après son renvoi de l’école
des Beaux Arts de Toulouse. Qui
sait ? « Pour mon travail
sur les Polaroid, je me suis inspiré de
techniques réalisées
il y plus de vingt ans et que j’avais
découverte dans une revue
intitulée Zoom. À l’époque,
j’avais trouvé cela
bizarre. Et en 1990, je me suis
dit, il faut que j’essaie.
Je travaille plus par opportunité.
Par coup de cœur. Il me restait
des Polaroids et j’ai fait
mes premiers essais. Le travail
sur l’émulsion que
l’on découvre naissante,
que l’on transforme, a quelque
chose de magique. Je fais corps
avec elle, cela se rapproche de
la gravure, je mords dans la matière.
C’est une vraie recherche
picturale. Et depuis dix ans, je
ne cesse d’expérimenter
cette technique. L’exposition
est l’aboutissement de cette
quête artistique ».
Adepte de la couleur, le noir et
blanc reste pourtant pour Raymond
Barthes son mode d’expression
créatif préféré. « C’est
sans nul doute le domaine où je
m’accomplis réellement.
Pour l’anecdote, il m’est
déjà arrivé de
me retrouver devant un instant
magique, de tellement m’en
imprégner que je n’ai
pas déclenché pour
garder en mémoire l’image
subliminale de ce moment subtil
et à jamais disparu. C’est
assez contradictoire. On photographie
pour garder une trace, non ? »
Les références de
Raymond Barthes en photographie
sont multiples. Ne lui demandez
pas de noms d’auteurs qu’il
admire, il ne s’en souvient
pas. Il n’a retenu que leurs œuvres,
gravées à tout jamais
dans son esprit : « En chaque
photographe, qu’il soit photographe
de quartier, de mode, de presse
ou d’illustration, il y a
un moment dans son existence où il
a forcément fait de grandes
choses. Et c’est cela que
je retiens. Pas qui il est ».
Pourquoi un cycle d’expositions
?
L’agence Mosaïk, en
organisant des expositions photographiques
dans ses locaux participe à valoriser
le travail de ses partenaires.
Avec ce nouvel espace, lieu de
rencontres et de partages, Mosaïk
entend apporter sa petite pierre à l’édifice
culturel de La Réunion.
L’agence veut donner aux
photographes et aux illustrateurs
les moyens de s’exprimer
et leur permettre de faire apprécier
leur travail au plus large public.
Un projet qui devrait dans un avenir
proche permettre à des artistes
de la région de venir exposer à la
Réunion. Nombre de talents
sud-africains, malgaches, mauriciens
et seychellois restent inconnus
sur notre île. Découvrir
de nouveaux talents dans la région,
permettre à des jeunes Réunionnais
d’exposer. C’est une
démarche nouvelle pour Mosaïk
mais qui rejoint le but qu’elle
s’était fixé dès
sa création : jouer un rôle
prépondérant dans
le paysage artistique de la photographie
et de l’illustration. Un
domaine qui est au jour d’aujourd’hui
en pleine effervescence, avec la
multiplication des supports de
diffusion et notamment la toile
tissée par internet, véritable
lieu d’échanges inter-culturels
qui ne connaît pas de frontières.
Après Jean-Patrice Caumes,
Raymond Barthes expose. Suivront
par la suite Jean-Noël Enilorac
et Rémy Ravon. Les autres
partenaires de l’agence ne
sont pas pour autant oubliés
: les projets se multiplient et
une grande majorité travaille
déjà à une
exposition commune sur le thème
du 20-Décembre, exposition
prévue pour fin novembre.
Qui
est Mosaïk
?
Depuis mars 1999, l’agence
Mosaïk réunit dans
sa banque d’images plus de
70.000 clichés à travers
le regard de plus de soixante photographes
et illustrateurs. Ce fonds iconographique
s’enrichit régulièrement
pour offrir un panorama diversifié de
la zone océan Indien.
L’objectif de l’agence,
créée par Pierre
Marchal, « est d’apporter
une réponse efficace à toute
communication visuelle, pour devenir
un interlocuteur privilégié de
tous ceux, agences de publicité et
de communication, entreprises privées
et institutions qui entendent apporter
une place privilégiée à l’image ».
«
Le site internet mosaikphoto.com
a permis de passer à la
vitesse supérieure »,
expliquent les responsables de
l’agence, « avec la
possibilité de visualiser
plus de 10.000 visuels en ligne
et de les commander par internet.
Pour une plus grande réactivité et
un plus grand confort d’utilisation ».
«
Une partie dynamique a permis dernièrement
au site de proposer une plus grande
réactivité en offrant
une information sur la photographie
régulièrement réactualisée »,
poursuivent-ils, « on retrouve
ainsi une rubrique "Édition" dans
laquelle figurent tous les ouvrages
sur l’océan Indien
où la photographie tient
une place importante. Une rubrique "Expos",
où sont annoncées
les manifestations photographiques à La
Réunion, mais aussi une
partie auteurs, reportages, cartes
postales et fonds d’écran
qui viennent compléter le
site, en constante évolution
et qui vous réserve encore
quelques surprises dans un avenir
proche ».
|