Né le 12
septembre 1944, à Basangana,
dans le Kasaï, Kamba Luesa,
très tôt orphelin
de père, fait ses études
primaires à Lubumbashi dans
un camp militaire, car son tuteur était
soldat. En 1959, ses études
primaires terminées, il
s'inscrit à Kananga aux
humanités modernes pendant
trois ans, puis il entre à l'Académie
des Beaux-Arts de Kinshasa en 1964
où, bénéficiaire
de son certificat d'Etat des humanités
artistiques, il accède,
en 1970, après une année
préparatoire, aux études
supérieures que couronne,
en 1973, un graduat en peinture.
Il est le seul à l'obtenir.
Chargé de pratique professionnelle
dans la même Académie,
il quitte l'enseignement en 1981
et se voit affecter au service
des archives de l'Institut, qu'il
abandonne finalement afin de devenir
artiste indépendant.
Kamba s'est fait positivement remarquer
par une production précoce.
Avant même d'entreprendre
des études à Kinshasa,
il réalise des cartes postales.
Déjà sur les bancs
de l'école, ses toiles revêtaient
un caractère original. En
1972, il est le seul étudiant à participer à l'exposition
organisée par les professeurs
de l'Académie des Beaux-Arts à l'occasion
de la venue au zaïre de M.
René Berger, président
de l'AICA. Au-delà, une
constante se manifeste d'emblée:
c'est la qualité qui résulte
tant de la composition rigoureuse
des éléments constitutifs
que de l'harmonie des couleurs
qui les ornent.
Lors
des expositions à l'extérieur,
notamment à Anvers, en janvier
1974, à Lausanne, en septembre
1974, à la Foire du Comptoir
suisse, son art s'est distingué par
une hantise de l'originalité qu'il
a su acquérir grâce
au style personnel qu'il s'est
imposé. Il a composé également
en 1974 des timbres pour Interpol
et en 1979 pour le 75ème
anniversaire du Rotary Club.
L'oeuvre de Kamba, évoluant au milieu d'une vague de controverses et
faite de hauts et de bas, se caractérise par trois orientations marquantes
qui sont autant d'influences et de leitmotif : influence rupestre, appel aux
sources et envol surréaliste.
En effet, Kamba Luesa s'est abondamment inspiré de l'art rupestre, mais
dans une vision moderne; il allie la naïveté des formes à une
révolution du mouvement de la ligne qui n'est plus comme celle des temps
préhistoriques, nerveuse et sèche. Les oeuvres puisées à cette
source sont sur un coloris tantôt fluide tantôt épais. Les
scènes de chasse, les personnages et les animaux stylisés à l'extrême,
les paysages désolants et les danseurs endiablés reviennent dans
ces oeuvres sans choquer, tant l'esprit y est bien rendu. Kamba s'inspire également
de précurseurs tels que Lubaki et Djilatendo. L'artiste étend
ses thèmes, et ses couleurs deviennent plus décoratives. Enfin,
dans ses récentes créations, il opte pour un surréalisme "nigrifié".
La ligne devient un élément obsessionnel, s'insurge et se multiplie
en des entrelacs inextricables. Les visages deviennent hagards, disloqués.
L'aspect surréaliste intervient dans l'usage de la mythologie, des contes
et légendes traditionnels, en faisant appel aux symbolismes purement
africains.
Porte-étendard du groupe de la Nouvelle Génération, Kamba
Luesa a su galvaniser les espoirs des jeunes artistes réunis autour
de lui et dont la motivation principale était de tirer l'art de l'engourdissement
que provoquait un certain mercantilisme du groupe du Grand Atelier. Très
proche de la masse populaire, rêveur et éternel insatisfait, Kamba
vit intimement son art, qui est une quête de l'ordre, de la justice et
de la perfection que contredisent les réalités quotidiennes.
Ses personnages, d'un calme apparent, sont agités, mais nullement désespérés.
Suivant l'évolution de sa vie, des joies et des déboires connus
et vécus, Kamba adopte une palette dont la trajectoire est aisée à suivre à travers
ses périodes colorées : bleue, jaune. De nombreux écrits, études
psychanalytiques et conférences consacrées à cet artiste
démontrent qu'à son âge, Kamba constitue déjà un "moment" d'interrogation
pertinente dans l'histoire de l'art moderne zaïrois.
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