Bill
Akwa Betote est né au Cameroun en 1952 à Douala
. En 1970, il s'installe à Paris.
Sa passion pour la photographie,
liée à sa curiosité pour
ces "nouvelles cultures" qui émergent à cette époque
dans les banlieues parisiennes
et ne vont pas tarder à remplir
les petites et grandes salles de
spectacles en France et au delà,
fait de Bill Akwa Betote le premier
chroniqueur photographique africain
de ces phénomènes.
Les premiers médias à accueillir
ses photographies sont les journaux
tournés vers l'actualité de
l'Afrique, puis c'est au tour de
tous les quotidiens ou magazines
s'intéressant à ces
musiques, ces modes de vies, ces
modes tout court. Il suit toutes
les sagas culturelles, métisses
ou pas, qui s'expriment sur des
musiques aux racines "ethnos" amplifiées
par les sonorités d'un monde
transversal, sans cesse renouvelées.
D'aucuns savent qu'il est difficile
de rendre compte de spectacles
musicaux aux ambiances agitées
et kaleïdoscopiques. Bill
Akwa Betote évite tous les "clichés" de
ce genre de prises de vues, sachant
faire deviner derrière ses
images fixes la mobilité des
couleurs, des sons, les expressions
des musiciens, des chanteurs, et
toute la richesse de ces univers
qui illustrent nos vies.
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En
1972, Bill Akwa Bétotè quitte
le Cameroun pour Paris. Il a vingt
ans... et une passion depuis l'enfance
: la photographie ; incongruité sur
le continent noir où l'image
se charge d'une symbolique puissante.
Pionnier à pratiquer ce
métier hors d'Afrique, Akwa
Bétotè devient reporter
photographe.
Après quelques petits boulots,
armé de sa chambre noire,
il signe ses premières photos
et ses premières galères
dans les médias noirs tels
que Jeune Afrique, Afrique-Antilles,
Muziki Magazine, Bingo... Et s'engage
définitivement dans la profession,
tel un privé dans Babylone.Puis
rapidement il sera l'un des premiers
photographes africains à collaborer
avec la presse française.
De Libération au Nouvel
Observateur en passant par Cosmopolitan...
Akwa
Bétotè, c'est
en effet, depuis quinze ans un
regard qui fixe sur la pellicule
l'émergence de nouvelles
cultures aux colorations métisses
; « nouveau continent social
en marche » selon l'expression
du sociologue J.P. Jaunet avec
Paris et ses banlieues comme port
d'attache. Un travail insolite,
inédit, un regard noir d'un
mutant sur les mutants qui participe
tant aux instants fugitifs de la
rue, de la nuit, des visages quotidiens
qu'aux vibrations des lieux qui
naissent et meurent...
Une
photographie qui puise sa vitalité dans le mouvement,
le plaisir de la surprise, l'impertinence
du regard, la liberté du
langage... En tout cas l'arrivée
d'un photographe au regard intime
et profond qui mêle incongruité et
macro-histoire, et crée
sa propre dynastie.
Akwa
Bétotè est
un photographe des milieux, un
témoin, un sujet, une langue
en lui-même, pas seulement
celle des images mais celle qui
permet de parler de l'image dans
quelque circonstance, dans quelque
endroit que ce soit.
Jacques Matinet
" Portrait paru dans Le Matin de
Paris" |