Une
inébranlable foi en l’art
mardi 14 décembre 2004.
Dans son substrat culturel, il
puise une grande inspiration. En
symbiose avec le "choc psychique" qui
se produit dans sa tête,
cette inspiration déclenche
la création. Et c’est
ainsi que le génie de l’artiste
Jean Luc Bambara prend tout son
sens, quand il s’attaque
aux gros blocs de granite pour
ses sculptures.
Celles-ci trônent dans de
grandes places et musées
du Burkina Faso et ailleurs dans
le monde par le biais des symposiums.
Il rentre du reste tout fraîchement
d’une exposition aux Etats-
Unis où il a bien défendu
la culture burkinabè. L’un
des prodiges de cet artiste, c’est
de donner couleur à la vie
afin que la douleur rythmée
et cadencée remplisse l’esprit
d’une joie calme et que par
ce reflet, l’âme humaine
soit éblouie de la splendeur
du beau...
" La force suprême
de l’art et de l’amour,
est de nous contraindre à vouloir épuiser
en eux l’inépuisable" écrivait
André Malraux dans "les
Voix du silence." C’est
dire alors que pour l’artiste
scrupuleux, l’oeuvre réalisée
qu’elle qu’en puisse être
la valeur, n’est jamais que
la scorie de son immense et insaisissable
rêve.
Tout
pour lui vient de l’art,
et tout va à l’art
! Et c’est ainsi que dès
le très jeune âge,
Jean Luc Bambara a été attiré par
l’art. "A l’école
primaire, se souvient-il, je dessinais
très bien ; et mon instituteur
découvrant ce talent m’orientera
après mon Certificat d’Etudes
Elémentaires (CEP) en 1976
vers mon neveu Parfait Bambara
qui venait juste de rentrer de
l’Institut des Beaux Arts
de Paris ". Cet homme sera
son moniteur de sculpture pendant
six (O6) ans au centre Voltaïque
des Arts.
Parallèlement à sa
formation artistique, Jean Luc
Bambara suivait des cours jusqu’à l’obtention
d’un bac D. Par la suite,
il ira parfaire ses connaissances à travers
des stages en France et en Allemagne.
Son retour au pays coïncidera
avec le début du montage
du Musée de la Termitière
de Me Pacéré (parrain,
conseil et mécène
de l’artiste). Il lui confia
tout de suite l’ensemble
du travail artistique. "Cette
marque de confiance m’a beaucoup
rassuré dans ce que je faisais
et m’a aidé à opter
résolument pour l’art" soutient
Jean Luc Bambara.
En
effet, en 1982, soit à 19
ans, il ouvrira son atelier et
s’imposera par son style.
Dès cet instant, il lui
sera confié la sculpture
du chemin de croix de la Cathédrale
de Ouagadougou et de nombreuses œuvres
faites de bas reliefs et rondes
bosses (sculptures des saints)
dans plusieurs Eglises du Burkina
,de la sous-région et d’Europe.
En 1994 commence pour Jean Luc
Bambara l’ouverture à l’international.
Repéré d’abord
par l’Allemagne, il ira exposer à Ladenburg. "Le
jour du vernissage note-t-il, j’ai
vendu la trentaine d’oeuvres
que j’avais réalisées".
De Ladenburg, il continuera à Laval
en France.
Depuis
1999, l’artiste Jean
Luc Bambara expose régulièrement à Castellon
en Espagne, au Portugal, à Columbus
dans l’Etat d’Ohaio...
Il réalise actuellement
une pièce en bronze intitulée
l’orchestre pour la ville
Espagnole. S’ il y a un artiste
qui l’a beaucoup influencé et
qu’il continue d’admirer
(bien qu’il ne fut pas son
moniteur) c’est bien Guiré Tasséré ;
l’un des meilleurs modeleurs-
fondeurs du Burkina selon Jean
Luc Bambara. En février
2005 il exposera au conservatoire
de Colombus, au New Jersey et à Washington.
Tout fièrement le sculpteur
lance que l’art nourrit correctement
son homme pour peut que celui-ci
soit modeste et évite la
folie des grandeurs.
Un
style contemporain et tourné vers
le troisième millénaire
Au
Burkina Faso, plusieurs institutions
ont découvert la valeur
de Jean Luc Bambara et sont venues à lui.
Au nombre de celles-ci, la BIB
pour laquelle il a réalisé un
bronze de 2m 80 qui trône
dans le hall et qui symbolise l’accueil
et la courtoisie. Il y a aussi
ce monument en face de la BACB
qui renvoi au soutien de la banque
au monde agricole. De façon
générale, les thèmes
abordés par Jean Luc Bambara
vont de la fragilité (une
mère qui perd sa grossesse), à la
maternité en passant par
l’intimité etc. C’est
une façon pour lui d’être
témoin de son temps dans
une société en pleine
transformation. Dans ses sculptures,
l’esprit du masque apparaît également
car pour Jean Luc Bambara l’oeuvre
d’art ne doit pas être
appréhendée simplement
par la seule raison. L’irrationnel,
le suprasensoriel est aussi un
critère essentiel de la
créativité.
Les
caractéristiques stylistique
de ses sculptures sont la prédominance
des contours, l’accentuation
des traits marquants du visage
avec un emploi discret des lignes.
Il travaille sur les contrastes.
Dans ses deux (O2) ateliers, Jean
Luc Bambara forme de nombreux jeunes
chaque année. Cependant,
il estime qu’ils gagneraient à éviter
le complexe et "l’excitation
fébrile" pour une formation
approfondie. Comme Léonard
de Vinci, Jean Luc Bambara prévient
que le sculpteur qui traduit par
pratique et jugement de l’oeil,
sans raisonnement est comme le
miroir où s’imitent
les choses les plus opposées
sans cognition de leur essence.
Arsène
Flavien BATIONO ([email protected])
Sidwaya
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