Des vestiges
d’empires
coloniaux défunts, l’Afrique et
ses cultures
héritières essaiment, depuis les
années 20, dans nos têtes et nos
jambes, nos musiques, nos étoffes et nos
bijoux, les masques et l’art
moderne, nos parlers et nos danses.
Elles logent aussi dans le
cœur de ceux
qui ont dû la quitter pour
survivre ou faire la guerre ; et dans l’âme
de leurs enfants ici ou
là-bas. Car l’Afrique est partout
depuis le 16ème siècle, sans
l’avoir
choisi : au dedans comme au dehors du continent,
en Europe comme en
Amérique.
En éclaireurs
partout et toujours, les artistes du continent
portent
en eux cette Afrique dispersée: berceau
et vécu, héritage reconquis ou
déconstruit, tradition et novation fusionnées,
modernité inédite,
chemin secret, voyage rêvé ou
continent déchirant. Des morceaux
d’Afrique épars, déjà recombinés
ailleurs, dans les ferments d’une
mondialisation vécue avant l’heure.
Plaçant les arts et la culture en
fers de lance, dès les années
30, le Sénégalais Léopold
Sédar Senghor,
le Martiniquais Aimé Césaire
et le Guyanais Léon-Gontran Damas
défrichaient cette présence africaine
au monde.
Aujourd’hui, des créateurs actuels
circulent et accèdent à leur
tourà la scène artistique. Graduellement,
ils peuvent défendre leurs travaux
dans le respect des singularités et
des chances de partages avec
l’Autre...
Quelques uns entrent enfin
dans de grandes collections privées
ou
publiques en Europe. Plus rares encore ceux
qui, à ce titre, font une
timide entrée dans les collections des
FRAC (Fonds régionaux d’art
contemporain) ou du FNAC (Fonds national d’art
contemporain) en France.
Au grand jour, forcés de prendre en
compte le métissage de tous,
l’apport de ces pivots est instrumental
et radicalement moderne : ils
s’emploient à se définir
de façon inédite et inventent
du même coup
nos repères futurs. Leur propos, même
déroutant, est précieux. La
Francophonie s’exprime aussi par ces
agents de change qui donnent
forme et actualité à cette pluralité imbriquée
des cultures du 21 ème
siècle.
Car si nos vieilles identités volent
en éclats, les artistes aidentà en définir
de nouvelles, et si la globalisation abolit
les distances,
nos esprits s’observent, se croisent,
se saluent et s’épousent pour
nous augmenter l’un, l’autre. À partir
d’emprunts formels, d’une
mémoire sensible, d’âpres
lucidités puisées dans l’expérience
post-coloniale et post-moderne, d’une
maîtrise en phase de
reconnaissance, des artistes émergents
proposent au monde un mixage
d’idiomes imaginaires et de solutions
plastiques toutes neuves.
L’exposition Présences
Africaines, que Migrations Culturelles Afrique-
Aquitaine (MC2A) se propose de produire à Bordeaux
en 2006 s’attelleà rendre compte de ces apports démultipliés.
Commissaire : Florence Alexis
Avec les oeuvres d'Aboudramane
(Côte
d'Ivoire), Maxence Denis (Haïti),
Amahiguéré Dolo (Mali), David
Nal-Vad (Gabon), Abdoulaye Konaté (Mali), Kakudji(Congo), Niko (Bénin),
Roberto Stephenson (Haïti),
Myriam Bâ(Sénégal/France),
Bill Akwa Betote (Cameroun)...
MC2a est soutenu par la Ville de Bordeaux,
le CG33, la Région
Aquitaine et la DRAC
Aquitaine
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