Sous le haut
patronage de l'OIF, le Musée accueille jusqu'au dimanche
28 mai une exposition sur les arts Dogon présentant
différentes facettes de la production
artistique de ce peuple. Retrouvez le reportage
d'Issy Tv
Tous ces objets liés au culte des ancêtres,
inspirés par un sentiment religieux
extrêmement fort, proviennent de la riche
collection d’Alain Bilot.
Membre de la société des Africanistes,
Alain Bilot commence son importante collection
en 1970 par l’achat d’un masque
kanaga, « l’un des plus élégants
qui soient », et depuis se passionne
pour cet art Dogon.
Depuis 1999 il se rend plusieurs fois par an
en pays Dogon, toujours ébloui, pour
y approfondir sa connaissance d’une civilisation
extraordinaire, aux mythes et à la cosmogonie étonnants,
car pour lui, appréhender l’organisation
de cette société et « savoir
dans quel contexte s’inscrit tel ou tel
objet est essentiel ». Grand admirateur
de l’ethnologue Marcel Griaule, il est
curieux de la provenance des objets collectés
- masques, objets rituels, serrures, bijoux…-,
de la fonction qu’ils remplissent, de
leur rôle dans l’ordre social et
dans les rites funéraires, agraires
ou de passage à l’âge adulte.
Une culture ancestrale
Le Pays Dogon est situé à l’est
du Mali, dans la boucle du Niger où s’étire
sur environ 260 km la falaise de Bandiagara,
haute paroi calcaire qui casse brutalement
un plateau aride, sillonné de vallées
sèches et de crevasses dues à une érosion
millénaire. Le peuple Dogon y a trouvé refuge
depuis le XIVe siècle et a développé,
dans une diversité de terroirs et de
parlers, une culture complexe qui a su résister à toutes
les entreprises d’assimilation.
Gardiens d’une ancienne civilisation,
les Dogon ont su préserver une organisation
sociale et religieuse originale où l’homme
trouve sa place dans la nature, la société et
l’univers.
Autrefois chasseurs, les quelque
300.000 Dogon sont des agriculteurs réputés,
utilisant le moindre espace pour faire pousser
leurs cultures vivrières. Ils vivent
dans des villages à l’architecture
typique placés sous l’autorité d’un
conseil des Anciens et du Hogon, chef religieux
respecté du village, qui préside
avec le forgeron aux cérémonies
agraires.
La cosmogonie Dogon raconte que le monde a été créé par
Amma, dieu unique, éternel et omniscient,
qui a également créé de
nombreux génies et bien entendu les
Hommes, lors d’un processus de création
fort complexe.
Les masques Dogon au coeur
de l’exposition
L’ensemble des pièces présentées
témoigne à la fois d’une
culture et d’une tradition par le biais
de pièces anciennes mais aussi d’objets
contemporains, toujours utilisés lors
de diverses manifestations. Parmi les différentes
familles d’objets mis en valeur, la prééminence
est donnée aux masques exposés
de manière à évoquer quelque
peu l’idée d’un cabinet
de curiosités. La scénographie
entend ainsi proposer un parcours lisible,
riche en objets « populaires » contextualisés
dans la mesure du possible.
L’Afrique, on l’a souvent souligné,
ne connaît pour ainsi dire pas d’« objets
d’art » de conception occidentale,
c’est-à-dire dépourvus
d’utilité pratique et dont la
seule fonction est d’être beaux.
Mais l’art des objets, l’amour
des belles formes dans toutes les choses de
la vie quotidienne, cet art-là n’en
est pas moins présent partout : le sens
esthétique des Africains se manifeste
dans tous les domaines et ne se limite pas
aux sculptures et objets rituels.
Des extraits de films tournés par l’équipe
de Marcel Griaule avant la Seconde guerre mondiale
viendront compléter cette exposition,
afin de mieux révéler à un
large public une civilisation africaine qui
ne cesse de fasciner.
Conférences au Musée
« Masques du Pays Dogon »
Par Alain Bilot Jeudi 6 avril à 18h30
(entrée libre)
La civilisation Dogon, révélée
par les travaux de l’ethnologue Marcel
Griaule, est renommée pour ses danses
masquées. Les masques de bois et de
fibres évoquent dans un style puissant
des mammifères, des oiseaux, des personnages
Dogon ou étrangers, des reptiles et
sauriens et des objets. Ils sont confectionnés
selon des règles précises en
fonction de leur origine mythique. Les danses
masquées ont pour objet d’escorter
les âmes des morts errant dans le village
jusqu’au repos de l’Au-delà.
Cette conférence présentera quelques
modèles de masques et les situera dans
leur contexte social et religieux.
« Le pouvoir et ses représentations
en Pays Dogon »
Par Eric Jolly Jeudi 27 avril à 18h30
(entrée libre)
Cette conférence reviendra sur le rôle
politique des chefs « hogons »,
en abordant leurs prérogatives judiciaires,
les rites d’investiture et les mythes énoncés à cette
occasion.