La sculpture
contemporaine du Zimbabwe est un mouvement
dynamique, qui,
se renouvelle constamment, malgré les
difficultés politiques et économiques
que traverse actuellement ce pays.
Né à la fin des années
cinquante d'une expérience menée
par le britannique Frank Mc Ewen (ami et promoteur
de Picasso, Henry Moore, et Matisse), et du
besoin d'expression culturelle du peuple en
manque d'identité artistique, ce mouvement
a été salué comme un «renouveau
de l'art noir» (Le Monde).
Aujourd'hui, certains artistes
du Zimbabwe (Fanizani Akuda ou Colleen Madamombe
par exemple)
sont mondialement reconnus. Exposés
au Musée Rodin, au MoMa de New York, à la
Biennale de Venise, à la foire de Chicago, à Londres
ou Paris, ces sculpteurs sur pierre ont ouvert
une nouvelle voie à la sculpture contemporaine.
L'un des facteurs prépondérants
dans l'éclosion de talents aussi différents
et originaux est l'absence de références
artistiques ou plastiques, traditionnelles
comme occidentales, permettant une liberté de
formes assez rare par ailleurs en Afrique (durant
une période de sept siècles au
Zimbabwe le domaine de création se limitait à l'expression
orale : chants, mythes, récits).
Un autre facteur important
est l'exploitation de la « Serpentine » pierre semi-précieuse
et d'autres pierres dont le Zimbabwe possède
des réserves uniques au monde. Cette
roche peut avoir différentes couleurs,
du noir au vert ou jaune vif, suivant son emplacement.
Depuis quelques années, la seconde
génération d'artistes zimbabwéens
(présentée dans cette exposition)
tient à être présentée
comme plusieurs individualités distinctes,
au parcours et au style singuliers. Des sculpteurs
contemporains issus d'un pays africain, le
Zimbabwe, plutôt que des sculpteurs "ethniques" (dits "Shona").
Cette nouvelle génération aborde
directement des problèmes universels
tels que l'engagement de la femme dans des
domaines « réservés aux
hommes » (Colleen Madamombe), la difficulté du
statut d'artiste contemporain en Afrique, la
solidarité de la cellule familiale (Fanizani
Akuda) l'échec de l'ONU au Rwanda (Tapfuma
Gutsa), le Sida (Zephania Tshuma), et d'autres
politiques et sociaux.
La prise en compte de la texture
de la pierre, de sa rugosité, dans un "dialogue" avec
le matériau est un autre caractéristique
du renouveau de ce mouvement.