les cérémonies funéraires
ou les
fins de périodes initiatiques.
Les masques makonde (Mozambique
/Tanzanie) tirent de
l’univers initiatique leur
pleine justification. Pour
les adolescents, l’accès au
statut d’adulte s’obtient
après avoir franchi les étapes
de l’initiation qui s’achèvent
par des réjouissances au
cours desquelles apparaissent
des danseurs. Leur buste est dissimulé sous
une sorte de carapace en bois dotée de
seins et d’un
ventre de femme
enceinte, et leur visage est caché par
un
masque. Celui-ci, traité de façon
naturaliste, porte
souvent des scarifications en relief. De
façon générale la bouche
est lourdement
ourlée ; parfois de véritables
cheveux (ci-dessus)
prennent place sur la tête.
À
l’inverse, le masque kwele du Congo s’éloigne du naturalisme
et ne
conserve du visage humain que l’ovale et,
peut-être, le nez long et mince. La face
est
relativement plate, creusée comme un
coeur. Les cornes, dont la courbe n’est
nullement agressive – les appendices se
rejoignent sous le menton –, donnent au
masque toute son amplitude formelle.
Qu’elles appartiennent à un animal
sauvage
ou à une antilope très recherchée
par les
chasseurs du bassin de l’Ivindo, leur présence
se rattache à une convention plastique
et se retrouve sur nombre de
masques d’Afrique subsaharienne.
Entre mythe et histoire
Les Dogon possèdent un riche répertoire
de
masques. Au Mali, l’awa, société qui
permet à
chaque homme, au fur et à mesure qu’il
avance en âge, d’acquérir
les règles de comportement
social et religieux, en a favorisé
une forte production. Ils sont extrêmement
différents, tant dans les formes que dans
les
dimensions. Ils mêlent parfois quelques
traits du visage humain à des caractéristiques
propres aux animaux. Parmi les
masques dogon les plus connus figure le
masque kanaga dont la face est taillée
avec de fortes arêtes et de larges évidements
pour les yeux. Le kanaga représente un
oiseau aux ailes écartées. Pour
ce faire, la
structure érigée au sommet de la
tête du
masque, en forme de croix de Lorraine dont
les planches transversales sont constituées
par deux planchettes rapportées, se déploie
largement, rappelant ainsi les ailes et le ventre
de l’animal.
Dans un pays voisin du Mali, le Burkina
Faso, il existe une grande variété de
masques surmontés d’une planche,
celle-ci cédant
parfois la place à un personnage .
Avec ses formes pleines et la longue tresse
qui descend dans le dos, cette figure
mossi correspond à l’évocation
symbolique
d’une princesse ayant participé à la
fondation du royaume du Yatenga.
Nombreuses sont les cultures qui rattachent
l’origine de certains objets à des
mythes ou à des légendes. Ainsi,
l’apparition
du masque bwoom des groupes
kuba répond-elle à une nécessité que
rapportent les croyances populaires. Au
XIXe siècle, le roi Miko mi-Mbul aurait été atteint de folie après avoir tué les
enfants
de son prédécesseur. Ne pouvant
porter le
masque royal traditionnel, il fallut créer
pour lui un nouveau spécimen.
Christiane Falgayrettes-Leveau |
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