Dans
ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, le cinéma a toujours été une
activité centrale pour la majeure partie
de la population. Les villes importantes et
notamment Accra la capitale, possédaient
de magnifiques salles héritées
de la colonisation anglaise. Face à la
difficulté de trouver des pièces
de rechange pour les projecteur 35 mm elles
ont périclité les unes après
les autres et l'invasion de la vidéo
au début des années 80 a scellé définitivement
leur sort.
La
consommation de cassettes qui en a découlé a
engendré, au royaume de la micro entreprise
et de la débrouille, une multitude de
vidéo clubs. Ces échoppes Proposent
une grande partie du catalogue B hollywoodien,
les films d'action asiatiques et les inénarrables
productions locales tournées pour la
plupart en vidéo 8 mm. A charge ensuite
aux vidéo clubs de louer leurs films
dans d'improbables salles de quartier plus
ou moins obscures équipées de
télés et de magnétoscopes.
On peut alors contre une modique somme d'argent,
visionner un film, installé sommairement
sur des bancs en bois dans une ambiance franchement
survoltée.
Etant
données les faibles ressources
du pays, ces productions sont la plupart du
temps l'objet de piratage ne bénéficiant
d'aucun matériel publicitaire. C'est
donc par défaut qu'un certain nombre
d'artistes se sont mis a réaliser les
affiches qui accompagnent ces projecteurs,
devenant très vite spécialistes
dans ce type de représentation. Ces
artistes peintres d'un genre inédit
travaillent rarement à partir de documents
photographiques. Leur capacité de récupération
tient ici plus du détournement artistique
et ce qui ne devrait être qu'un objet
publicitaire placardé dans une rue de
quartier devient une œuvre à part
entière. Ces peintures donnent lieu à des
réinterprétations personnelles
extra-ordinaires, mêlant à l'infini
l'iconographie de centaines de films et les
portraits étranges, souvent peu réalistes,
de stars célébrissimes.
Ces
déclinaison des codes occidentaux à travers
le prisme de la culture africaine propose de
multiples lectures dans des jeux de miroirs
cinématographiques revisités.
Et c'est dans les représentations de
films africains que l'imagination vaudou des
arts designer se déchaîne et s'exprime
pleinement sous des couleurs Glycéro
de chantier. D'une composition toujours simple
mais efficace, ces affiches peintes à la
main sur de vieux sacs de farine de blé nous
renvoient vers la part la plus mystérieuse
de nos anciennes superstitions.
Dans
la confrontation et des cultures nous apparaît d'étranges visions du
7 ème Art, inconnues, peu familières
ou tout simplement oubliées.
Pascal Saumade
La
Pop Galerie - Source : http://www.fanzino.com/archives/holywoodoo.htm