Notes
Le
travail de Berry Bickle est une
exploration, un
voyage, une archéologie
du présent.
Depuis sa découverte de
lettres de navigateurs
portugais vieilles de cinq siècles
relatant au roi leurs
premières impressions du
continent africain, Berry
Bickle utilise l'écriture,
les cartes anciennes, le texte
répété maintes
fois tel un chant ou une prière.
Sculptures enveloppées
de cartes, collages d'objets trouvés
sur ses tableaux, parchemins utilisés
comme des paysages, elle repousse
toujours plus loin les frontières,
les genres, les époques.
Le contraste, la tension naissent
de la superposition de la terre
vaste, vide, rouge et des écritures
serrées des navigateurs.
La terre est souvent présente,
témoin des sécheresses,
des guerres, des exodes, en couches
fines et successives, collages
des vies des divers habitants
de ce pays. En 500 ans, entre
le Mozambique, le Zimbabwe etl'Afrique
du Sud, les voyages ont donné
naissance à une culture
bien particulière, au croisement
de l'Afrique, de l'Europe et de
l'Inde.Berry Bickle dit être
attentive à la culture
matérielle de l'Afrique,
au recyclage des objets, à
la relation tactile aux choses,
à la lumière. Instigatrice
de nombreux"workshops"
au Zimbabwe, elle évoque
avec gravité et tendresse
ces instants où les jeunes
artistes se retrouvent "tous
dans la même barque à
la manière des explorateurs".Ces
explorateurs, dont les écrits
ont jalonné son travail,
étaient tous des hommes,
à l'époque des corsets
et des robes victoriennes où
la femme devait avant tout "tenir
son rôle". Berry Bickle,
elle, explore les champs de la
féminité chargés
d'histoire, multiples, émouvants,
toujours présents dans
son oeuvre.